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Les craquelures de l'asphalte

by Guillaume Dioups

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    Dessins de Dorothée Richard.
    Photos de Pascal Baudry

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1.
2.
Sous trois couches de bitume Palpite encore un peu ton cœur Sous un goudron d’amertume Subsiste en toi une petite fleur Tes rêves couchés dans l’herbe tendre J’veux en faire une zone à défendre Mais l’temps qui passe s’envolera A la folie pas du tout Comme des pages d’agenda Volées par ce monde fou L’seul agenda qui existe L’seul agenda qui existe L’seul agenda qui existe C’est l’agenda ZADiste Entre le boulot et l’enclume Y a ta liberté intérieure Entre les trucs qui t’enfument Ton souffle croit encore au bonheur Ton p’tit jardin qu’est pas à vendre J’veux en faire une zone à défendre Contre la vie en entrepôts Y a la vie entre potes Qui coule comme l’eau Pas polluée de camelotes L’seul agenda qui existe L’seul agenda qui existe L’seul agenda qui existe C’est l’agenda ZADiste Sur les liens qui se consument Est-ce que ton cœur est extincteur ? Sur les folies qui s’exhument Tes mains plantent un peu de douceur Ton arbre de vie peut pas attendre J’veux en faire une zone à défendre Allez viens maintenant on sème A tout vent à pleine bouche On arrosera même L’amour où prendre souche L’seul agenda qui existe L’seul agenda qui existe L’seul agenda qui existe C’est l’agenda ZADiste Voix guitare  GD Batterie basse piano guitares guitare slide synthé  MC Chœurs  Diez Petit oiseau noctambule esseulé dans la nuit Croix-Roussienne
3.
Chercher comment dénicher Mon chez moi Y a de quoi déménager Ça va de soi Il engloutira plein de maille Mon chez moi Et j’en ai plus depuis un bail Ça va de soi Faut justifier son domicile Mon chez moi Comme j’en ai pas c’est pas facile Ça va de soi Il a besoin de vingt garants Mon chez moi J’ose pas d’mander à tes parents Ça va de soi Alors Baby, je t’en supplie Prends mon chez moi sous ton toit Si ton studio est trop étroit Glisse moi dans tes deux-pièces Sur tes sofas je m’affesse Si j’suis de trop dans ta studette Planque moi sous ta nuisette Je serai l’ange du quotidien Et même le Satan du satin Prends mon chez moi sous ton toit Si ton studio est trop étroit Mes dix doigts pour s’aérer Gambaderont sur tes balconnets… Il se fait bien à ton standing Mon chez moi Bien au chaud niché dans ton string Tout en soie Il aime les espaces atypiques Mon chez moi Et tes guêpières sont bien pratiques Ça va de soi Il se fout bien d’la porte Maillot Mon chez moi Car c’est toi qui porte les plus beaux Ça va de soi Il voit défiler des factures Mon chez moi Pour tes défilés hot couture Ça va de soi Refrain Il déchante tout à coup Mon chez moi Y a trop d’voisins dans tes dessous Plus chez soi Il est coincé, il est craintif Mon chez moi L’habitat coopératif Ça va pas de soi Il sent la crise du logement Mon chez moi Sous la pression de tes amants Ça va de soi Tu vas l’virer de tes jarretelles Mon chez moi Car tu fais pas dans la dentelle Ça va de soi Tu lui laisses pas d’trêve hivernale Mon chez moi Et même pas un p’tit Gardenal Ça va de soi Comme j’suis de trop sous ta nuisette Pff...un coup de balai et tu m’jettes T’es vraiment salement culottée Et moi j’vais pas m’laisser aller Mon chez moi il s’fout bien de toi Ta turne n’es qu’un bon débarras Oh non j’vais pas me faire de bile Car j’vais bientôt trouver asile T’es vraiment salement culottée Et moi j’vais bientôt m’réfugier Tout au fond des caleçons de tes Apollons  Voix Diez Guitare trompette GD Batterie basse rhodes tambourin percus  MC Congas bongos guiro cloche Théo Pagès
4.
Y en a qui disent qu’on va devenir des électrons Y en a qui disent qu’on va bientôt péter les plombs Y en a qui disent que quand t’es dans un court circuit Faut l’rallonger sinon t’es cuit Tout est électrique le poil dans la main Tout est électrique la moelle et le pain Tout est électrique la pale et le train Tout est électrique l’appât du pétrin Mais personne n’est donc au courant ? Que tout tout tout est électrique Y en a qui disent qu’on est des animaux sociaux Y en a qui disent qu’on est trop branchés aux réseaux Y en a qui disent que quand t’as que des faux contacts Faut disjoncter toute la baraque Tout est électrique le choix des amis, Tout est électrique l’anchois, l’salami Tout est électrique le charivari Tout est électrique le chat de mamie Mais personne n’est donc au courant ? Que tout tout tout est électrique Y en a qui disent que même Toto est autonome Y en a qui disent qu’on doit bouffer bien plus d’atomes Y en a qui disent que pour pouvoir nous démanteler Faudra pt’être nous satelliser Tout est électrique l’voisin qui s’épile Tout est électrique la vaisselle qui s’empile Tout est électrique les poulets en batterie Tout est électrique les loupés d’la patrie Mais personne n’est donc au courant ? Que tout tout tout est électrique Voix piano trompette chœurs GD Contrebasse batterie mélotron programmation chœurs  MC Sons modulaires  Olivier Longre Chœurs Remi Sève
5.
Puisqu’on descend du singe Il faudrait remonter Un peu dans Son estime Juste laisser monter Monter l’âme aux yeux L’âme aux yeux Allumer des lueurs Voir S’émouvoir En tête à cœur Ce serait bien Ce serait bien Et par les temps qui courent Autant rester couché Sur papier A la dérive Juste laisser couler Couler l’âme aux yeux L’âme aux yeux Allumer des lueurs Voir S’émouvoir En tête à cœur Ce serait bien Ce serait bien De balancer tous les chiffres Sur les rebords du monde Balancer une bouteille Dans les eaux profondes Pour se retrouver Balancer sur les lianes Des liens qui enlacent Balancer sur le fil De la vie qui passe En laissant monter L’âme aux yeux Allumer des lueurs Voir S’émouvoir En tête à cœur Voix guitare  GD Violoncelle  Charlayne Hurtiger
6.
Le roulis est malade Car ça tangue vraiment trop Sonne la canonnade Au lieu du « Hissez haut ! » Le grondement du tonnerre Fait même trembler la grêle Et l’attaque des corsaires Dis que la vie est frêle Sur le pont l’capitaine Se bat comme un beau diable Il tue à perdre haleine Des forbans effroyables Une pluie de mitraille Fauche sa jambe de bois Son crochet en ferraille Prend la foudre, patatras ---------------------------- Le calme est revenu Le ciel est bas et noir Les coquins sont vaincus L’capitaine garde espoir Qu’on le remette sur pied De la proue à la poupe Et pour ça l’charpentier Rafistole et découpe La terrible bataille A mangé l’timonier Et le trois-mats tournaille Sans savoir où aller A la barre du navire Y a une voyante aveugle Qui ne voit rien venir Mais qui braille et qui beugle ---------------------------- L’capitaine vocifère Mais qui tient l’gouvernail ? Qui est donc cette sorcière ? Ce drôle d’épouvantail ? Qui est donc cette voyante ? Vraiment trop tape à l’œil Elle crie comme une démente Et file vers un écueil  Non je ne suis pas folle Et ma boule de cristal Voit dans l’arôme d’alcool Comment remplir vos cales De précieuses caillasses De magot, de bibelot Y aura même plus de place Pour les rêves des matelots  -------------------------------  Maudite prophétesse Pleine jusqu’aux écoutilles Toutes ces fausses promesses  Fortune de pacotille  Tu vas nous faire sombrer De Scylla en Charybde A force de siphonner L’picrate des Caraïbes  Un grand rire édenté Secoue les moussaillons L’augure pas démontée Leur tient tête et répond « J’vois mieux bien avinée Et pour l’Ile aux Trésors J’peux vous dire qu’ à vue d’nez Faut virer à babord  --------------------------- Dans le marc de café J’résous tous les mystères Et toi celle qui t’a fait J’peux t’le dire c’est ta mère Si j’te tire les tarots A toi le flibustier J’pourrai te dire qu’en gros La camarde va t’faucher  Tous les gars d’l’équipage En restent bouche bée Ils respectent les présages Même un peu imbibés Ils donnent tout leur crédit Pour dorer leur destin A cette voyante qui lit Dans les lignes des mains ----------------------------- La voyante saisit La paume du capitaine Elle suit les lignes de vie Ses dix doigts se promènent Pas besoin de sextant Pour tenir le bon cap Elle guide le lieutenant Vers l’îlot des agapes Soudain sort de la brume Une terre inconnue Comme jailli de l’écume Un paradis perdu Couvert de cocotiers De manguiers de fruits d’or Sacré nom d’un soutier C’est sûr qu’y a un trésor ! ---------------------------- Les hourras, les morbleus Sont noyés dans le rhum L’îlot de quelques lieues Voit débarquer les hommes Resté sur le vaisseau Le bon vieux capitaine N’est plus qu’un jouvenceau Près de la magicienne Tout au fond de leur cœur Tout deux vont accoster Un continent farceur Et c’est sûr, c’est plié Dans neuf mois tout au plus Pour une simple escarmouche Le vieux forban fourbu Devra changer des couches Voix guitare  GD Violon chœurs Guillaume Gras Flûte chœurs  Florent Jouffroy Percussions  MC Chœurs  Diez Charlène Hurtiger
7.
Chez elle tout est décrépi Son appart’ et son mari Elle ne peut plus rien voir en peinture Ni son seul mec ni ses quat’ murs C’est triste un mariage qui prend l’eau Pour écoper faut faire des travaux Mais pour colmater toutes les brèches Faut-il forer des trous de mèche ? Si ne se roulent, roulent plus de pelles Jouez, jouez, jouez le drame à la truelle Succombez donc à l’appel Du redresse-mandrin Du tourne-coquin Du recolle-calin Ré-enchantiez le quotidien  Et jouez jouez jouez le drame à la truelle Pour la faire tomber en pâmoison Faut d’abord tomber les cloisons Mais pour bâtir un nouveau lien Briser les tuyaux c’est pas malin Ce type est totalement marteau C’est vraiment l’gars du dégât des eaux Et comme il a trop peur qu’elle fuit Il fait un joint juste pour lui Si ne se roulent roulent plus de pelles Jouez jouez jouez le drame à la truelle Succombez donc à l’appel Du redresse-mandrin Du tourne-coquin Du recolle-calin Ré-enchantiez le quotidien  Et jouez jouez jouez le drame à la truelle Pour la faire grimper aux rideaux Faut déjà les fixer là-haut Mais mince alors le ciment du couple Lorsqu’il durcit n’est plus très souple Elle va péter un gros scandale Il a les pieds coulés dans la dalle  Pour l’en sortir faut couler une bielle Et s’envoyer au septième fiel Si ne se roulent roulent plus de pelles Jouez jouez jouez le drame à la truelle Succombez donc à l’appel Du redresse-mandrin Du tourne-coquin Du recolle-calin Ré-enchantiez le quotidien  Et jouez jouez jouez le drame à la truelle Elle voudrait un peu de minutie Avec du doigté avec des scies Elle mettrait son mari en poubelle Des scies elle en veut une ribambelle  A l’échoppe au rayon joli cœur Elle tombe sur une merveille de vendeur Un petit article tout tentant Qui lui dégrippe le palpitant Pour que se roulent roulent plus de pelles Jouez jouez jouez le drame à la truelle Succom succombez donc à l’appel Du redresse-mandrin Du tourne-coquin Du beau libertin Ré-enchantiez le quotidien  Mais oulalalalalala il s’trame un duel  Voix guitare trompette GD Batterie basse  MC Piano  Nicolas Tarik
8.
Je te dévorais du regard Tu m’as vu, j’ai piqué un fard Je ne voyais que tes cheveux Et le feu au fond de tes yeux Attisé pour me consumer Si mes joues se sont empourprées Tu n’as pas pu me démasquer Tu m’as foudroyé du regard J’avoue j’en suis resté hagard Et quand m’a pris cette idée folle De t’adresser deux trois paroles Mon cœur s’est soudain détraqué J’ai bafouillé postillonné Mais tu n’as pu me démasquer Y avait du rire dans ton regard Tu m’as dit qu’tu m’trouvais bizarre Alors là je me suis dis ouf  Ca voulait dire qu’t’avais une bouche Et même si c’était pas gagné Ma flamme allait se déclarer Tu m’avais un peu démasqué Tu t’es plongée dans mon regard Alors j’ai su que tôt ou tard Nos mains se chercheraient entre elles Avec d’abord un peu de gel (hydroalcoolique...) Et tu m’as proposé l’idée Qu’on aille ensemble se confiner Qui pourrait bien nous démasquer ? Maintenant on s’effleure du regard Nos yeux crépitent dans le noir Et nous voilà en tenue d’Eve Mais est-ce que tu crois qu’on l’enlève Va-t’on enfin se démasquer ? C’est plus pratique pour s’embrasser Allez, à toi en premier  Voix guitare  GD Batterie basse MC Piano  Bertrand Riou Flûte  Florent Jouffroy Pandeiro tantan surdo ambiances Théo Pagès
9.
Morsures 03:58
Ta vision volée dans l’embrasure Voilà le soulèv’ment embrasant Qui susurre un soupçon de luxure Et déroule un tapis relaxant Dans tes yeux tous mes rêves d’azur Plongent dans un soleil rasant Et murmurent au cœur des commissures La naissance d’un sourire frémissant La vie ne vaut que sous tes morsures Crois moi je serais déjà mort sans Tes crocs ivres de mon encolure Et ta danse qui s’promène en collants Quand s’engouffrera dans nos fêlures Tout une déferlement affolant Quand se dégriffera l’armature Nous nous livrerons à l’Harmattan Sur ma peau tes mots doux de denture Chantent autant que tous ceux d’antan Tes yeux brillants jaillissent Ô dorures Du désir de ton corps odorant Qui m’ensorcelle et qui me rassure Pendant tous ces éclats harassants Mais silence  Naviguons sans s’en dire plus Couvrons nous de censure  Voix chœurs  Diez Voix guitare trompette GD Piano MC Boite à rythme Rythm Ace  Coco
10.
Y a plus une goutte Y en a qui en doutent ? Y en a qui en doutent ? Qu’y a plus une goutte ? … Y a plus une goutte. Mais rien à foutre  Mais Est-ce-que l’arche de Noé peut voguer sur le feu ? Mais quand le mille pattes met ses chaussettes On a tout le temps de voir venir Tout le temps pour un bon coup de fourchette Tout le temps d’pas penser à cogiter à l’avenir Mais quand le mille pattes met ses chaussettes On a tout le temps de voir venir Tout le temps d’ronfler en pétrolette Tout le temps d’oublier de s’rappeler de l’avenir Mais quand le mille pattes met ses chaussettes On a tout le temps de pas s’enfuir Tout le temps d’laisser partir les bêtes Tout le temps de profiter d’s’amuser à s’faire frire Voix guitare trompette  GD Contrebasse programmation sound design  MC Piano  Bertrand Riou
11.
Quand tout va s’effondrer Faudra pas rester dessous Chœurs  Diez Charlayne Hurtiger Guillaume Gras Florent Jouffroy GD Guitare électrique  Marc Silla Guitare trompette  GD

credits

released October 8, 2022

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Guillaume Dioups Lyon, France

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